La diffusion par France Culture d'un reportage sur une audience en comparution immédiate au tribunal de grande instance (TGI) de Marseille suscite la polémique. Le 10 février dernier, la journaliste Pascale Pascariello avait enregistré une audience de comparution immédiate, lors de laquelle un jeune homme de 18 ans au casier vierge, poursuivi pour vols de téléphones portables avec violence, avait été condamné à cinq ans de prison dont quatre ferme, a révélé jeudi le site d'information Mediapart.
Des "réactions très choquées". Dans ce reportage, les auditeurs peuvent entendre la présidente de l'audience Delphine Belmontet interpeller à plusieurs reprises sans ménagement le jeune homme : "On se réveille. C'est par ici que ça se passe !", ou encore "On ne sait même pas comment est-ce qu'on arrive à vous regarder comme un être humain". Marie-Blanche Régnier, déléguée régionale du Syndicat de la magistrature, a indiqué avoir collecté des "réactions très choquées" de collègues magistrats, évoquant leur "attachement à la question de l'impartialité et au respect du justiciable".
Une autorisation exceptionnelle pour la journaliste. La journaliste avait obtenu une autorisation signée, exceptionnelle, de suivre certains magistrats du TGI de Marseille pendant plusieurs mois et de les enregistrer pour l'émission Les pieds sur terre. Comme prévu dans sa convention avec le tribunal, elle avait envoyé préalablement à sa diffusion le montage final contenant les extraits de cette audience à la présidente concernée. Celle-ci avait assumé ses propos et autorisé la diffusion du reportage le 20 février dernier.
La présidente du tribunal "n'a pas apprécié le reportage". Suite à la diffusion, la journaliste avait été convoquée par "la présidente du tribunal, qui n'a pas apprécié le reportage", selon une source proche du dossier. Le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, et la présidente Isabelle Gorce lui ont signifié leur décision unilatérale de mettre fin à ses reportages au palais de justice. Le parquet n'a pu être joint jeudi par l'AFP.
"Nous sommes également perturbés par la décision brutale de l'institution judiciaire qui censure, alors qu'il est normal que la justice soit observée et critiquée", a indiqué Marie-Blanche Régnier. La journaliste a reçu des manifestations de soutien de plusieurs magistrats, a indiqué la même source. Des avocats se sont aussi portés volontaires pour aider gracieusement le jeune homme condamné.